NAGER
C’est en brûlant ses vaisseaux qu’on sait vraiment comment on nage.
Qui a marché à côté de ses pas nagera à côté de ses bras
NAISSANCE
J’étais trop jeune à l’époque pour dire aujourd’hui que je sais où je suis né.
NAÎTRE
On ne crée rien d’autre que la cause possible de quelque chose qui reste à naître.
NAUSEÉE
La nausée est moins un symptôme que l’expression d’une opinion.
NAVIGATION
La cause de la navigation réside autant dans le port de départ que dans le port d’arrivée.
NÉANT
Tout reste à voir, mais la lumière nous parle du néant.
NÉGOCIER
Penser à ce que l’autre pense relève de la stratégie. Ressentir ce qu’il ressent permet de négocier.
NOM
Je ne porte pas mon nom, c’est lui qui me porte. Avant de se laisser porter par les événements. C’est ainsi que ce « je » consiste – mais hésite aussi – à subir. Il marche à côté de mes pas, il nage à côté de mes bras, etc. Au total, mon nom me porte loin de moi. Et c’est très bien comme ça.
NOMBRIL
Ce n’est pas parce que chacun a un nombril qu’il faut oublier que tout le monde a un nombril.
NON-SENS
La cohérence du non-sens est la condition de sa reconnaissance en tant que tel.
NOTE
La dernière note du concert efface et contient toutes les autres.
NOUS
Ne pas extraire à l’excès le « je » du « nous ». Mais revivifier le parcours du premier par un bain régulier dans les flots porteurs du second, qu’il importe de vivre de l’intérieur pour ne pas le subir de l’extérieur.
NU
C’est maintenant que je suis vêtu que je me sens nu.
NUAGES
Il est dans le ciel une bibliothèque de nuages – une nuagothèque ? –où chacun peut contempler et consulter la profondeur des possibles. Nul ciel bleu n’est à la hauteur de ce prisme.
Pas plus de prise sur les nuages que sur la mort : quel soulagement que d’être enfin sans pouvoir, sans motif de lutter, d’espérer, de maîtriser ! Laisser faire le ciel, laisser venir la mort. Plus de commencement ni de fin. Terre nourricière, matière première des récipients ornementés et des statuettes funéraires. Terre de nuage.
NUIT
La nuit ne dort pas plus que le jour ne s’éteint. C’est ainsi qu’il peut faire nuit en plein jour, et que la nuit se révèle propice à toutes sortes d’illuminations.
La nuit, les choses restent ce qu’elles sont en plein jour. Elle les rend d’autant plus réelles qu’elles n’ont pas besoin de notre regard pour exister. Aussi, le jour étant partie prenante de la nuit et la nuit partie prenante du jour, la réalité n’a que faire de ce qui prétend l’éclairer ou la plonger dans l’obscurité.
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