86 – Le temps est revenu

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Le temps est revenu d’enfiler la vieille blouse,
de lacer ses souliers, d’affûter les crayons.
Les devoirs pour mémoire et la peur pour épouse,
le temps est revenu de mentir pour de bon.
Le temps est revenu d’empoussiérer les braises,
d’étouffer les clameurs, de couper les micros.
Il faut quitter la salle en rangeant bien les chaises,
le temps est revenu de tricher mot à mot.
L’école a ses exigences :
soir après soir, soir après soir,
on y apprend l’exigence
du désespoir (du désespoir).
Le temps est revenu d’effacer les étoiles
et sur le tableau noir de lire les consignes.
Fais ceci, fais cela, mais ne tends plus les voiles !
Le temps est revenu de bien suivre la ligne.
Le temps est revenu de cimenter les formes,
de signer les contrats en négligeant les clauses.
Pas question d’évasion, et survivre est la norme,
le temps est revenu de l’ordre en toutes choses.
L’école a ses impatiences :
c’est noir sur noir, c’est noir sur noir,
qu’on y apprend l’évidence
du désespoir (du désespoir).
Alignant sur la table le bout des doigts (le bout des doigts)
les maîtres à coup de règle dictent la loi (dictent la loi).
L’école enseigne les violences
dont elle blâme l’emploi.
Alors,
le temps est revenu d’envisager l’esquive,
d’enlacer les enfants, des femmes s’extrader.
Il n’y a qu’un seul fleuve, mais il y a deux rives,
le temps est revenu de devoir s’évader.
Le temps est revenu d’oublier les leçons,
de lacer ses souliers, de prendre enfin la route.
Il n’y a qu’un seul fleuve, mais il y a plusieurs ponts,
le temps est revenu de les franchir sans doute.
L’école a ses tolérances :
elle laisse croire, elle laisse croire,
qu’on peut surmonter l’impuissance
du désespoir (du désespoir).

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