48 – Personne

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Le jour enfin se pointe sur la chaussée trempée.
Le moi(s) doute en septembre d’être et d’avoir été.
En ce matin qui tremble et se shoote au café,
à l’heure où les rêves s’échappent et se planquent sous l’oreiller :
soudain une femme se recouche,
elle laisse la pomme sous la douche,
elle recommence sa journée.
Elle décide en somme
de ne devoir à personne
l’humeur qui va la gouverner.
Qui le lui reprocherait ?
Au vu des trottoirs blessés,
au nom du vent sur le quai,
qui le lui interdirait ?
Personne
Il y a sur la planète des malheurs concentrés,
des tas de gens qui savent mais qui préfèrent ignorer.
Fuyant les villes folles et leurs plaisirs rouillés,
quelques sages somnolent qu’on piétine comme du blé.
Et à New-York ou Calcutta,
à Pékin ou Bogotta,
une femme se dit de ce camp-là.
Entre Kant et Spinoza,
entre ceci et cela,
elle dit : « Ça ne m’intéresse pas ».
Qui voudrait la malmener ?
Au vu des poissons pêchés,
au nom des quatre vérités,
qui pourrait la déranger ?
Personne.
Soudain une femme se recouche,
elle laisse la pomme sous la douche,
elle recommence sa journée.
Qui pourrait la déranger,
la déranger,
la déranger ?

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