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La nuit tombait sur la gare ; un étranger s’est glissé dans ma mémoire. Il venait comme le fleuve tranquille qui mouille le quai des villes. Sur ses lèvres fleurissait un sourire à faire trembler le voile du souvenir. |
Il m’a dit : « Le temps est bientôt venu que tu me rendes ce qui m’est dû. » Et j’ai dit : « Au comptoir de ta banque, je ne vois pas ce qui te manque, te manque, te manque, te manque ; ce qui te manque, te manque, te manque. Je ne vois pas ce qui te manque, te manque. » |
Le dernier train est reparti, me laissant tout seul sous la pluie. J’ai vu passer entre les rails le fonctionnaire de la grisaille. Il est allé saluer l’étranger. Ils se sont mis à chuchoter. |
Alors j’ai dit : « Qu’avez vous donc prévu pour me rendre un jour la vue ? » Ils ont dit : « Sors donc de ta planque, tu n’y vois que ce qui te manque, te manque, te manque, te manque ; ce qui te manque, te manque, te manque. Tu n’y vois que ce qui te manque, te manque. » |
Mais en remontant le trottoir de la gare à la case départ, j’ai vu ce visage fugace que caressaient les essuie-glaces ; celui d’une femme visionnaire, ni étrangère ni fonctionnaire. |
J’ai pensé : « Si je pouvais t’offrir une rue, tu en ferais une avenue. » Oui j’ai pensé : « C’est toi qui me manque. En toi je vois ce qui me manque, me manque, me manque, me manque ; ce qui me manque, me manque, me manque. En toi je vois ce qui me manque, me manque. » |
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