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Je longe l’immeuble, les poings vides au fond des poches. Y’a d’la brume sur le parking et de la rouille sur les usines. La vie est une grande cage, on s’y ballade en liberté. Pas la peine de chercher la clé, la porte n’est jamais fermée. Personne ne cherche à s’en sortir. Personne ne se souvient d’y être entré. | ||
Mais la femme que je veux ne parle pas de liberté. Elle m’accroche à sa ligne, m’offre son corps dans la cuisine. Je peux compter sur elle. Elle sait qu’elle compte pour moi. Plus elle change d’adresse, plus vite elle sera chez moi. Personne ne cherche à s’enfuir. Personne ne se souvient d’avoir tant aimé. | ||
Elle peut tourner le dos à ce qui me tourne le dos, et séduire dans la cage tous les futurs otages. Elle peut longer mon immeuble, jeter du sel sur mes fusibles, et me raconter tour à tour des tas d’histoires impossibles. Personne ne cherche à mentir. Personne ne se souvient des fausses vérités. | ||
J’ai cueilli dans la foule des fleurs de solitude en masse. Puis j’ai montré le poing, je voulais sortir de mon coin. J’ai crevé plus d’écrans que ne le voulaient les images. Mais la femme que je veux me dit qu’il n’y a plus de cages. Personne ne cherche à s’enfuir. Personne ne se souvient d’avoir tant aimé. |
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71 - Personne #2
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