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Si tu imagines, oh si tu imagines trop ta vie, tu verras qu’un beau soir tu resteras là planté sur ta chaise, le menton dans la main, curieusement immobile à regarder passer tes souvenirs. Et le futur pour toi ne sera plus. |
Le choix ne t’appartient plus pour très longtemps, bientôt tu suivras la route sans carte Michelin. Tu navigueras à vue, la peur au ventre, la tête dans les nuages, étrange et immobile, et des mots pleins la bouche, mais les lèvres gercées par le silence. |
Parfois tu hurleras, mais la porte sans un bruit mille fois se fermera. Et tu diras : « Non, oh non, laissez-moi sortir, laissez-moi mourir ! Faites de moi la graine froide qui germera, la plante inculte qui survivra, donnez-moi le soleil pour réchauffer ma terre. » (« Accrochez sur mes branches le printemps et ses oiseaux »). |
Mais personne ne t’entendra. Les couleurs ruisseleront sur tes pensées, chaque goutte s’échappant de toi comme la note aux doigts du pianiste. Et on dira : « Il est là, planté sur sa chaise, le menton dans la main, curieusement immobile, et il ne pense à rien. » Et sans doute on t’en voudra de chercher à savoir ce qui doit s’ignorer. |
Alors tu te tairas, et si on te pousse tu tomberas, mais si on te cherche on te trouvera : à l’angle d’un autre chemin, avec tes regards innocents mouillés d’exil, sur la voie sacrée qui mène au rêve, à l’immémorial oubli. |
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