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Tu marches à côté de la pluie comme un lutin de l’asphalte. Tu n’as plus peur du bruit, ni même des silences qu’on t’impose. Tu ne crois plus aux miracles et tu t’éloignes des spectacles. Tu te passes de toi, car tu n’es que le danseur sous la lune. | |
Alors tu guettes en ricanant les dates et les anniversaires de ces morts successives que t’avaient pourtant promises des sorciers croyant lire tout au fond de tes yeux cobalts un destin calibré au seul profit de leur formol. | |
Mais encore et toujours revient la même question à laquelle personne jamais jamais ne répond : y’a sans doute pas d’quoi toute sa vie en porter l’deuil, mais qu’est-ce qui en automne fait dégringoler les feuilles ? | |
Et à l’heure où il faut venir s’aligner sous l’horloge, à l’heure où l’on exige qu’aucune tête ne dépasse, tu es hors de portée de la voix de tous ces maîtres, de leurs bouches édentées et de leurs gencives qui en saignent. | |
Mais si tu longes les écoles en buissonnier, en pyromane, tu prends le temps qu’il faut avant que d’en passer aux actes. Car tu sais que les ancêtres ont troqué ceci pour cela. Tu sais même que le sexe est le moteur de l’histoire | |
Mais encore et toujours revient la même question à laquelle personne jamais jamais ne répond : y’a sans doute pas d’quoi toute sa vie en porter l’deuil, mais qu’est-ce qui en automne fait dégringoler les feuilles ? | |
D’ailleurs au matin dans ton lit tu découvres cette femme. C’est comme si tu t’éveillais dans les pages d’un magazine. As-tu donc oublié qu’elle promène tes rêves comme on promène un chien dans les allées du premier jardin perdu ? | |
T’as-t’elle demandé un soir de la reconduire jusqu’en ville ? As-t’elle posé sur ta cuisse une main que tu croyais trop servile ? Et tu te souviens que le sexe est le moteur de cette histoire. Elle a sucé tes rêves, mais ses lèvres n’en sont pas moins rouges. | |
Mais encore et toujours revient la même question à laquelle personne jamais jamais ne répond : y’a sans doute pas d’quoi toute sa vie en porter l’deuil, mais qu’est-ce qui en automne fait dégringoler les feuilles ? | |
Maintenant tu marches au dessus de la pluie, tu es le pantin des nuages. Tes cheveux ont blanchi, mais tu cherches encore à voir de tes yeux affaiblis les gros titres au delà des miroirs. L’encre est toujours plus noire, mais tu te dis qu’il n’est jamais trop tard. | |
Jamais trop tard pour mourir ni pour te ré-incarner en ce nègre du métro qui balaye des millions de mégots, ni en cet hindou errant qui couche dans les temples, ni même en celui-là que ton reflet a cru imiter. | |
Mais encore et toujours revient la même question à laquelle personne jamais jamais ne répond : y’a sans doute pas d’quoi toute sa vie en porter l’deuil, mais qu’est-ce qui en automne fait dégringoler les feuilles ? | |
Y’a sans doute pas d’quoi toute sa vie en porter l’deuil, mais qu’est-ce qui en automne fait dégringoler les feuilles ? |
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